25 novembre 2012
Daniel buren la coupure 2008-2009, musée Picasso, Paris
Daniel Buren insère une lame monumentale dans l'Hôtel Salé à Paris. La surface de l'installation in situ est partagée en un petit triangle noir sous le fronton, et un grand quadrilatère miroir. Les lais en polycarbonate donnent un miroir imparfait qui réfléchit les bâtiments alentour tout en les déformant. Côté cour et côté jardin, comme un décor théâtral, la Coupure attend les spectateurs qui la font vivre par leur regard.
A la rigueur géométrique de la lame s'oppose la fantaisie des reflets mouvants tout en courbe. Les fenêtres colorées, le fronton et les mansardes se déforment et se tordent tandis que le visiteur traverse la cour.
La Coupure est un mur haut de 16 mètres maintenu par un échafaudage très visible qui fait partie de l'oeuvre. Sur la tranche de la construction, Daniel Buren appose ses rayures obsessionnelles.
La lame traverse la cour sur 11 mètres de long, puis l'Hôtel Salé sur trois étages et ressort dans le jardin sur 11 mètres. Le bois de la Coupure est découpé pour épouser exactement les ornements du bâtiment, à l'extérieur et à l'intérieur du musée.
Que les défenseurs du Patrimoine se rassurent, cette Coupure n'est qu'une illusion, un trompe-l'oeil, un décor éphémère. La lame ne fend pas vraiment les murs de ce bel hôtel du Marais, elle n'est que posée contre les façades.
Côté jardin, la lame noire est un quadrilatère dont la pointe aigue repose sur le sol. Le miroir reflète la façade classique de l'Hôtel et les constructions plus banales qui l'entourent.
Au contraire de la bâche en trompe-l'oeil dégoulinant du 39 avenue George V, qui ne bougeait pas quelle que soit la position du spectateur, le double ondoyant de l'Hôtel Salé est produit par un vrai miroir, même s'il est volontairement défectueux. Le soleil, les nuages ou la pluie, le point de vue de l'observateur modifient l'image perçue. Cette fois-ci, l'altération de l'architecture n'est pas une illusion peinte mais le réel renvoyé et modifié par la Coupure. Dans ce décor sans acteur, l'oeuvre de Daniel Buren n'existe que dans les déplacements du spectateur.
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